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vendredi 8 août 2008

Sous le psychédélisme de l'arc-en-ciel

Après 3 ans d'absence à Montréal, le fameux groupe Radiohead était de retour pour une deuxième fois au Parc Jean-Drapeau le 6 août dernier. Malgré la pluie, les admirateurs de Thom York et sa bande ne se sont pas empêchés de planer sous les airs envoûtants du groupe britannique. Une expérience psychédélique qui place définitivement Radiohead parmi les plus influents depuis les années 90.

C'est sous un arc-en-ciel (sans tournure métaphorique) que l'artiste invité, Grizzly Bears, a lancé la soirée. Le mariage des arrangements vocaux et des mélodies plutôt douteux (surtout incohérent) du groupe a vite fait augmenter le taux d'impatience auprès de la foule quant à l'arrivée de Radiohead sur la scène.

Lors de son entrée sur scène, le quintette a totalement ébloui
le public non seulement avec sa musique, mais avec des jeux de lumières époustouflants et un montage vidéo éclaté. Il s'agissait d'une mise en scène psychédélique qui rappelait celle de Pink Floyd.

Le son était d'une pureté émouvante. La mélodie des pièces résonnait comme si l'on écoutait l'album dans notre lecteur MP3. Le groupe a transporté les fans dans une autre réalité avec des chansons telles House of Cards, Bodysnatchers et Weirdfishes/Arpeggi, des morceaux issus de son plus récent album, In Rainbows. C'est toutefois avec Karma Police et Paranoid Android que la transe du public a atteint son apogée. Un moment inoubliable.

C'est à ma grande surprise que j'ai retrouvé sur scène un Thom Yorke rempli de simplicité et de générosité. L'artiste qui fait souvent preuve de prétention et de « je-m'en-foutisme » en entrevue télévisée ou journalistique a démontré une toute autre facette de sa personne.

Après plus de deux heures de spectacle, dont une heure de fine pluie, c'est sous une énergie planante que la foule s'est dirigée vers l'interminable chemin qui menait au métro, le temps de redescendre lentement d'un univers musical enchanteur.

lundi 7 juillet 2008

Sex, drugs & rock 'n' roll à St-Éphrem-de-Beauce

Ce sont les 27, 28 et 29 juin derniers que j'ai eu mon baptême du fameux festival québécois, Woodstock en Beauce. Tous les rituels étaient au rendez-vous : alcool à profusion, public carburant aux diverses substances illicites, toilettes chimiques saturées, boue, paix, amour et surtout, musique. Malgré la mauvaise température (nos tentes flottaient littéralement sur l'eau), cette première expérience n'aura pas été la dernière.

Étant donn
é sa location, Woodstock en Beauce est souvent associé à un rassemblement de Beaucerons barbares qui se débauchent sous les airs de groupes hommage ratés. Pour cette 14e édition, la programmation n'avait rien de lamentable. Des artistes notoires tels Bran Van 3000, Billy Talent, Gob et Pascale Picard Band ainsi que des formations émergentes telles Misteur Valaire, Chocolat et Gatineau ont su faire oublier au public la chaleur accablante des deux premiers jours et la violente pluie des derniers jours.

Semaine de travail oblige, je n'ai malheusement pas pu assister aux spectacles du mercredi et du jeudi. C'est toutefois avec une patience bien m
éritée que je me suis présentée à la prestation de Bran Van 3000 et celle de Billy Talent.

Malgr
é l'insatisfaction qu'a engendré le resultat de l'album Rosé, le retour de Bran Van sur scène ne s'est pas avéré aussi décevant. La troupe de James DiSalvio avait de l'énergie à revendre au public avec un répertoire des pièces les plus appréciées de ses trois opus.

Pour sa part, le groupe canadien Billy Talent a su litt
éralement déchaîner la foule. C'est avec un charisme et une humulité surprenante que Ben Kowalewicz a chanté les succès de son groupe tout en développant une relation particulière avec le public. Il a notamment gagné le respect de plusieurs au moment où il est descendu de la scène pour emprunter le chandail des Nordiques à un fan, pour ensuite l'arborer dans l'interprétation des dernières chansons.

Outre le retour de Bran Van 3000 et la performance enflamm
ée de Billy Talent, c'est la prestation du groupe montréalais The Stills qui suscitait davantage mon intéret. J'étais excitée à l'idée d'entendre les pièces de l'excellent Without Feathers ainsi que celles du nouvel album qui sera en vente le 19 août prochain. Quelle déception toutefois! Non seulement il y avait à peine 50 personnes (lesquelles n'avaient aucune idée de qui était le groupe) sous la tente où The Stills donnait son spectacle, mais le son était beaucoup trop fort et le répertoire musical avait mal été sélectionné. Le groupe a joué deux chansons de Without Feathers et celles du nouvel opus ne sonnaient pas à leur avantage. C'est la tête baissée que j'ai quitté le chapiteau pour ensuite assister à une prestation hommage de Cat Stevens. J'ai malgré tout retrouvé le sourire sous la pluie, transportée par les douces mélodies de cet homme qui avait non seulement la même voix que Stevens, mais dont le physique lui ressemblait étrangement. Moment cliché référant à Woodstock '69.

Nouveau coup de coeur musical des Qu
ébécois cette année, Pascale Picard était l'artiste vedette du samedi soir. Même si je ne suis pas une grande admiratrice, j'étais curieuse de voir ce qu'elle avait à offrir sur la scène. Sa performance s'est finalement avérée des plus décousues. L'artiste, sous l'influence abusive de l'alcool, était non seulement incohérente dans ses propos, mais dans sa musique. Elle a notamment interrompu une pièce pour présenter son groupe, et ce, sans reprendre cette même chanson par la suite.

Mis
à part la musique, il était impressionnant de voir toute cette masse de gens littéralement « défoncée » 24 heures sur 24, pendant quatre jours. La superficie du site semblait aussi sans fin avec tous ses hectares de tentes multicolores qui se multipliaient sans cesse. Ce sera probablement un rendez-vous l'été prochain. Cette fois-ci avec plus de renfort contre les intempéries pour enfin profiter davantage de toute cette déchéance musicale et festive.

lundi 30 juin 2008

Bilan du mois

Après un mois à courir les événements tous les weekends sans prendre le temps d'écrire, voici une brève récapitulation de la projection visuelle et des prestations musicales qui ont marqué mes derniers 30 jours.

The Raconteurs
Tout d'abord, le spectacle tant attendu non seulement de l'été, mais de l'année : The Raconteurs. Leur dernier passage à Montréal à l'automne 2006 avait été mémorable et je ne croyais pas que cette deuxième fois pouvais l'être davantage. Baptisé comme étant le meilleur groupe live par nul autre que Bob Dylan, titre secondé par les magazines musicaux spécialisés, Jack White et ses quatre acolytes ont fait non seulement vibrer nos tympans, mais notre épiderme. Notons particulièrement la performance de Blue Veins, pièce que le groupe a joué sur plus d'une dizaine de minutes avec une introduction instrumentale qui renvoyait à la signature musicale de Pink Floyd. Cette prestation a été sans aucun doute la meilleure de tout ce que j'ai pu voir jusqu'à aujourd'hui. Wake Up d'Arcade Fire passe désormais au second rang.

Égal
à lui-même, Jack White, munie de sa guitare, était toujours aussi glorieux. Sa guitare acoustique, laquelle expulse un son à la fois perçant et pur, rendait à merveille la tonalité folk dont The Raconteurs sait si bien manipuler.

Karkwatson
Le deuxième weekend fut marqué par le spectacle inédit de Karkwatson. Concept initié à la base par Jim Corcoran, il était magnifique de voir les cinq musiciens de Karkwa, Patrick Watson ainsi que ses trois complices alterner leurs pièces respectives en créant une atmosphère tout à fait mélodieuse. Les jeux de lumières accentuaient davantage l'univers planant provoqué par les chansons. Le compteur, pièce tirée du nouvel album de Karkwa sur laquelle Patrick Watson apporte sa collaboration, était d'un rythme renversant.

Ce qui
fut le plus touchant était de voir ces deux groupes se lancer la balle, dans les deux langues (anglais et français), une semaine avant la St-Jean-Baptiste. Pour quelques heures seulement, sous la chaleur écrasante du National, on pouvait assister à un spectacle qui réunissait deux richesses musicales québécoises où la langue n'était plus un conlfit politique, mais bien un art culturel.

Enfin, la chimie de Karkwatson fut
à son apogée lors de la prestation accoustique de Man Under the Sea alors que Patrick Watson et Louis-Jean Cormier se sont placés sur un petit monticule au milieu du public, que les sept autres musiciens étaient sur la scène et que la foule accompagnait a cappella Watson et Cormier. Une seule déception : l'absence de The Great Escape dans le répertoire de la soirée.

Vier Minuten
Oeuvre acclamée dans plusieurs festivals de films européens, Vier Minuten de Chris Kraus est un long-métrage émouvant que j'attendais depuis le printemps dernier. L'histoire de cette jeune criminelle allemande au talent de pianiste incomparable est à la fois crue et touchante. Le parallèle entre la réalité persécutrice de Jenny (Hannah Herzsprung) et l'univers gracieux de la musique classique crée une poésie dans le schéma narratif du film. La dynamique entre la pianiste et son professeur (Monica Bleibtreu), un échange constant de haine et d'amour, relève d'une tension sexuelle refoulée. Les deux performances s'avèrent visiblement mémorables, notamment dans la scène finale alors que la jeune pianiste donne une performance devant public; une scène renversante où la protagoniste s'emporte dans sa musique jusqu'à exploiter littéralement le mécanisme de son instrument.

lundi 5 mai 2008

Ain't born typical

C'était le 4 mai dernier que le duo britannique The Kills se donnait sur la scène montréalaise, soit au Cabaret Juste pour Rire. Avant même leur entrée sur la scène, le doute s'était installé auprès de tous : les guitaristes Alison Mosshart et Jamie Hince allaient-ils assurer la sonorité de leur répertoire? Il va sans dire que The Kills a clairement prouvé qu'il avait une hardiesse musicale comparable à celle des White Stripes.

En effet, étant donné que le duo réunit le genre féminin et le genre masculin, il est souvent associé au couple White. Ce serait toutefois une grave erreur de comparer The Kills à ce dernier. J'irais jusqu'à dire que Mosshart et Hince assurait davantage que le groupe rouge et blanc lors de leur dernier passage au Centre Bell l'été dernier. La superficie de la salle du Cabaret y était probablement pour beaucoup, mais, malgré tout, le public s'est trouvé abasourdi devant la confiante manipulation des cordes de la part de Hince et de l'énergie déchainée de Mosshart.

En qui concernait ce public, il était à se demander s'il n'était pas la simplement pour poser plutôt que pour la musique du groupe. Arborant pour la plupart les fameuses lunettes RayBan à la Warhol, la coupe de cheveux à la fois ébouriffée et calculée, bref, le look typique de la culture trash londonnienne, l'assistance ne dérangeait pas physiquement, mais semblait présente pour accessoiriser style et musique plutôt que passion et musique.

C'est au moment où le groupe a introduit No Wow que Hince a impressionné le public avec son talent de guitariste. Il serait exagéré de dire qu'il révolutionne le son à un certain niveau. Toutefois, il joue de son instrument comme s'il masturbait une femme. La sexualité ne s'est pas fait discrète sur la scène. Le duo possède une chimie à la fois naturelle et osée. Leur prestation de la très intime Tape Song donnait des frissons provocateurs : Hince et Mosshart chantaient la pièce à l'aide du même micro, les lèvres les unes contre les autres.

Malgré ces performances mémorables, dont la merveilleuse trash/garage Where New York Used to Be, le spectacle fut non seulement très court, mais le répertoire musical a mal été sélectionné. Ainsi, The Kills a donné une importance équivalente à ses trois albums au lieu de jouer davantage les pièces de son excellent (et plus récent) opus Midnight Boom.

Comme ils le mentionnent si bien dans la chanson U.R.A. Fever, ils ne sont pas nés typiques ces deux musiciens au nom de tueurs.

lundi 17 mars 2008

Justice for all, shame on me

Après avoir raté de peu un spectacle annoncé à la dernière minute en supplémentaire au Métropolis, il n'était pas question de laisser passer la chance d'assister à celui donné au CEPSUM dimanche dernier. Il s'agit ici de la nouvelle sensation électro française, abusivement comparée aux vétérans Daft Punk, Justice.

Résultat : un scénario inimaginable.

Après un souper bien arrosé, trois filles se rendent à Outremont pour en rejoindre deux autres. L'une d'entre elles, fidèle à ses habitudes, arrive avec quelques minutes de retard. Il est 20h. Le spectacle vient tout juste de commencer. Personne n'est trop agitée. On se fout des deux sets de DJs invités. Les cinq filles quittent alors Outremont pour aller prendre un verre dans un pub étudiant, non loin du CEPSUM, afin de réchauffer l'atmosphère et d'attendre que les artistes en première partie terminent leur prestation. 21h sonne. Quatre filles enfilent leurs manteaux. Au moment où elles se lèvent, une des cinq se dirige vers la table avec un deuxième pichet. Trois d'entre elles se regardent sans trop comprendre la raison de ce surplus d'alcool à cette heure presque alarmante. Confuses, elles rassoient. Les discussions reprennent de plus bel. 22h15 sonne. Une des cinq est prise de panique. Les filles courent donc vers le métro. Elles attendent le métro. Elles prennent le métro. Elles débarquent du métro. Elles arrivent sur les lieux. Les gens de la billetterie les regardent d'un air douteux et amusé. Le vestiaire indique complet.

On pénètre enfin dans le complexe avec nos manteaux d'hiver sur le bras : le public est en transe et Justice est tout simplement à son apogée. Je veux m'effondrer. Je n'arrive pas y croire. On tente tout de même de s'infiltrer dans la foule. J'essaie malgré tout de profiter des pièces qui restent. Une des cinq demande à une personne inconnue depuis combien de temps Justice est sur scène. Il répond : « Un peu plus d'une heure ». Je veux pleurer.

La scène est majestueuse. Trop d'amplis qui ne sont là que pour donner un effet imposant au monticule du fameux duo. Trop de lumières qui intensifient l'état de transe de la musique et, par le fait même, celui du public. Mais cet abus donne au décor une vibe ensorcelante. L'intensité des mix pénètre directement les parties nerveuses du corps. C'est tout simplement malade! Après deux pièces, Justice signe son au revoir. J'en veux davantage. Le groupe revient quelques instants plus tard pour un rappel de deux autres chansons.

Je sors du complexe la tête basse. Non seulement je viens d'assister à au show le plus aguichant de l'histoire, mais j'ai déboursé 40$ pour quatre pièces.

Je suis officiellement pissed. Trois des cinq filles quittent sans dire un mot. Elles ont été mangées leurs émotions au McDo. J'ai encore mal au coeur...

Tout un cadeau de fête Ari!

jeudi 6 mars 2008

Quand le look prend le dessus sur la musique

Ayant été saisie par la musique garage punk aux tonalités rétro du groupe suédois The Hives depuis Veni vidi vicious, je me devais d’assister à leur spectacle au Métropolis le 4 mars dernier. Avec The Donnas en première partie, groupe rock féminin qui a conquis mon attitude d’adolescente « rebelle » au début des années 2000, la soirée allait raviver de bons souvenirs musicaux… des souvenirs qu'il serait préférable de garder dans le passé.

C’est avec déception que je me suis absentée de la prestation de The Donnas, faute d’une réticence à se présenter trop tôt. Ainsi, à notre arrivée, la salle était pleine à craquer. La fébrilité se fait sentir. C’est en tentant désespérément de s’infiltrer dans la foule que l’anticipation de l’événement a perdu l’essence de son excitation.


Le design de la scène était très tendance : du néon rouge qui affichait le nom du groupe au smoking noir et blanc des années 60, le caractère rétro du rockabilly battait de son plein. Toutefois, le fashion n’a pas réussit à dissimuler le son médiocre des instruments qui enterraient la voix de Pelle Almqvist de sorte à la rendre désagréablement cacophonique. Seulement les hits tels Walk idiot walk et Hate to say I told you so ainsi que des chansons plus poignantes du nouvel album telles Tick tick boom, Hey little world et la criante Won’t be long sonnaient clairement.


Même si la prétention fait partie de chacun des personnages de The Hives, elle était dérangeante mardi soir. L’abus d’un lancement de baguettes à toutes les deux chansons l’était aussi. Ce qui m’a davantage troublé, c’est le parallèle instauré par la lecture d’un article dans Nylon il y a quelques mois. Ce dernier relatait le témoignage du groupe sur sa difficulté à percer dans l’industrie depuis la sortie de Black and white; que l’intention de l’album avait été incomprise, malgré un processus de création longuement réfléchi. Alors quand Pelle Almqvist clame à la fin du spectacle : « From the beat of our hot music, we can’t go on », je me sens trahie.


I don’t heart the music of Sweden anymore.

vendredi 10 août 2007

L’univers planant de Patrick Watson

Malgré la programmation « vedette » de la Fête du lac des Nations cette année, quelques artistes de la scène underground ont brillé par leur présence authentique. Parmi cette rare sélection, le talentueux montréalais Patrick Watson a livré une prestation enivrante lors de son spectacle le 12 juillet dernier.


C’est un jeune homme d’une simplicité charismatique qui s’est présenté sur la scène Molson Dry. Prenant place derrière ses claviers, Watson a mené d’assaut la direction musicale avec ses trois musiciens, tous aussi submergés par les sonorités transcendantes produites d’eux-mêmes et des autres.

À première vue, l’énergie de Patrick Watson est un clin d’œil direct au prodigieux Chris Martin, leader du groupe Coldplay. La ressemblance devient d’autant plus notable lorsqu’il marie sa voix avec l’ensemble musical. Les faisceaux de lumière verdâtre font également sourire, puisqu’ils rappellent inévitablement le vidéoclip Clocks. L’image référentielle se rompt toutefois après quelques pièces, alors que Watson et sa bande adoptent des tonalités beaucoup plus expérimentales que celles des artistes auxquels ils sont associés.

Le groupe se définit brillamment dans sa polyvalence instrumentale. Watson et ses musiciens ne cessent de surprendre avec leur manipulation d’objets, manifestement absurdes au premier coup d’œil, dans le but d’amplifier la portée d’un son. Pour le guitariste, c’est en dégonflant un ballon et en glissant une lame de rasoir sur les cordes. Pour le percussionniste, c’est une scie et un autre bidule qui semble avoir été fabriqué par l’un d’eux. En ce qui concerne Watson, c’est une pédale qui modifie l’écho de sa voix.

Il va sans dire que Patrick Watson est considéré davantage comme un groupe que comme un artiste solo. La chimie entre le leader et ses musiciens baigne dans une profondeur où chacun se réfugie dans son univers respectif, vivant ainsi la transe musicale à leur façon. Liés par une sonorité commune, les membres du groupe ne nécessitent pas même un hochement de tête pour communiquer. Ils se font intuitivement guider par les sons de leurs instruments.

Malgré cet esprit de communion présent sur scène, Patrick Watson ne fait guère preuve d’ignorance avec son public. Entre les chansons, il lance quelques gags plus ou moins compréhensibles à cause d’un français qu’il ne maîtrise pas totalement. Toutefois, le petit rire espiègle qui les accompagne fait sourire à tous coups.

Une scène extérieure n’est cependant pas l’endroit le plus favorable pour l’ambiance intime qu’impose la musique de Patrick Watson. La qualité du son finissait par se perdre dans le néant au lieu de résonner. De plus, la clarté du jour brisait l’atmosphère musicale.

Cette intimité, Watson l’a merveilleusement reproduit lors de sa dernière prestation. Debout sur le piédestal de la foule, l’artiste a chanté a capella, les mains placées de chaque côté de sa bouche afin de projeter sa voix le plus loin possible. Le public a étonnamment instauré un silence attentionné.

Même si Patrick Watson est familier avec les petites salles, l’espace étendue devant laquelle il s’est présenté ne l’a pas empêché de transporter son public avec ses mélodies planantes.

mardi 10 juillet 2007

Si vous croyez en une cause…

La nouvelle maison de disques sherbrookoise 9.12 Records lançait au printemps dernier la complication If you believe, une trame sonore possédant à la fois de bonnes intentions sociales et politiques, en présentant malheureusement son répertoire musical comme élément d’arrière-plan.

If you believe compilation vol.1 rassemble des artistes locaux et internationaux aux racines folkloriques contemporaines. La sélection des seize pièces de la trame sonore demeure douteuse. Le répertoire échappe à une efficacité musicale dans le sens où l’harmonie des chansons repose sur une monotonie qui frôle l’affaissement. De plus, la simplicité des ballades est fastidieuse à un point d’imposer un univers qui a tendance à sombrer peu à peu dans la mélancolie.

Malgré la redondance musicale de la compilation, quelques pièces sont orchestrées de manière envoûtante. L’ambiance instrumentale de Think over, interprétée par Apjiw, relève d’un enchantement expérimental nettement réussi. C’est toutefois l’œuvre de January, Fallen, qui charme avec une vulnérabilité vocale subjuguée par la douceur.

L’aspect « nouvel âge » de If you believe trahit l’accessibilité ainsi que la qualité commerciale de son répertoire. La trame sonore ambiante s’avère idéale pour les salons de soins esthétiques. Mention spéciale toutefois : pour chaque copie vendue, 9.12 Records versera 1,00 $ à War Child Canada.

Si vous tenez à militer pour la cause… et non pour la musique.

Un album qui ne singe sur personne

À peine un an après le succès de leur premier opus Whatever people say I am, that’s what I’m not, les nouveaux enfants chéris de la scène musicale britannique, Arctic Monkeys, reviennent avec Favorite worst nightmare, un album qui exige une écoute rigoureuse afin d’apprécier le progrès musical du groupe.

La trame sonore est introduite par une cadence percussionniste bruyamment calculée. Même s’il paraît très semblable au son révélateur qu’avait été produit sur Whatever people say I am, that’s what I’m not, le rythme est accrocheur. Cette similitude agace lors des premières écoutes pour enfin faire réaliser qu’il s’agit de la griffe musicale du groupe.

En effet, Arctic Monkeys se révèle beaucoup plus mature sur ce nouvel opus, et ce, autant en ce qui concerne le lyrisme des textes que l’harmonie musicale. If you were there, beware impose un son assuré opposant l’aspect « garage » maladroit qui se trouvait révélateur et séduisant sur le précédant album.

Outre l’effort nécessaire pour apprécier le nouvel effort d’Arctic Monkeys, Favorite worst nightmare livre un répertoire plus posé. La sonorité plus pop laisse toutefois croire que la notoriété britannique du groupe ne lui suffit plus. Il reste à espérer que la soif du succès ne noie pas Arctic Monkeys dans des ballades vides et faciles.


jeudi 31 mai 2007

Oui, je le veux

Chaque fillette rêve, anticipe et planifie avec impatience et fantaisie le plus beau jour de sa vie : son mariage. Pour moi, la célébration eut lieu le 12 mai dernier, le concert d’Arcade Fire.

Faut croire que la troisième fois est toujours la bonne. Après avoir fait partie des malheureux à ne pas être en mesure de se procurer des billets au Théâtre St-Denis ainsi qu’à l’Ukranian Federation, je me suis retrouvée parmi les fortunés présents à l’Aréna Maurice-Richard.

Dans la salle, l’énergie était fébrile. Après la performance quelque peu douteuse du groupe invité, l’assistance patientait avec impétuosité les premières notes de la cérémonie. L’instant même où les douze apôtres ont fait leur entrée, les fidèles ont soudainement été possédés par les mélodies.

Le répertoire était parfaitement calculé. L’équilibre entre les chansons sélectionnées de Funeral et Neon Bible fut bien orchestré. Chaque pièce provoquait une ascension énergique sublime. La dernière partie musicale fut transcendante : Neighborhood #1 (Tunnels) a précédé Rebellion (Lies) puis Neighborhood #3 (Power Out).

La beauté du spectacle rayonnait toutefois autour de la présence angélique de Régine Chassagne. Son leadership relevait d’une subtilité théâtrale.

Pour conclure l’alliance musicale, le groupe répondit aux prières de son public et proclama les paroles soutenues par l’ensemble musical divin de Wake Up. À la sortie des lieux, la mélodie resta imprégnée au fond de chacun et l’on continuait à répandre de manière contagieuse les célestes « OoOoOh…».

dimanche 29 avril 2007

Rencontre intimiste, portrait inédit : Karkwa

Ce fut avec une humeur lourde d’épuisement que j’ai rejoint une assistance zen et intime, prête pour la performance de Karkwa, sous le toit du Téléphone Rouge, bar-spectacle situé sur la rue Wellington, à Sherbrooke.

J’entre dans le Téléphone Rouge, je prends place au coin gauche du comptoir, je lève la tête en direction de ma diagonale, vers la droite, Louis-Jean Cormier patiente, le temps de se commander un scotch.


Après un bon moment, il se rend sur la petite scène, s’assoit sous la douche lumineuse blanche, dans l’atmosphère rouge, et gratte quelques accords silencieux avec sa guitare acoustique. Le tout se déroule au cours des trois minutes et poussières de Float on de Modest Mouse. Le deuxième degré de la situation me bouleverse quelque peu.


Une heure plus tard, soit avec une heure de retard (quoi que le public en avait rien à foutre!), une fois la partie de babyfoot terminée, Cormier et ses acolytes se présentent sur la scène pour nous livrer une prestation puissante de La fuite. Ensuite, La marche nous transporte avec un clavier qui ensorcelle non seulement les adeptes musicaux présents, mais ses complices instrumentaux qui lui partagent la scène.


À la suite d’à peine six pièces, le groupe demande une pause : le temps d’un scotch.


Puis, ce fut un nouveau départ. La foule commençait à être bien chaude. Karkwa a fait la primeur de trois nouvelles chansons, des pièces beaucoup plus rock que celles offertes par la majorité de son répertoire musical.


Pour ce qui est du reste, je baigne dans la pureté sonore que produit les mélodies. Je vois à peine les musiciens en transe sur la scène. Peu importe, les textes souvent l’emportent. Je tends le regard vers la personne qui partage ma droite : un jeune homme à la coupe longueuil pré-pubère. Un sourire se dessine timidement sur mes lèvres.


En grande finale, Le coup d’état : la disjonction du clavier reprend de plus bel, cette fois-ci, en harmonie avec les guitares.


Après un rappel de deux pièces, le groupe rejoint son public, le buzz se dissipe légèrement, le temps de s’emparer de son manteau, de passer la sortie, d’échanger quelques brefs propos avec le claviériste, pour enfin se rendre à l’auto…

jeudi 26 avril 2007

John Mayer : relève du blues

C’est dans un Théâtre du Centre Bell presqu’à guichet fermé mercredi dernier, que John Mayer a livré un spectacle au cours duquel la guitare était reine.

Ne vous laissez pas influencer par son passé de « boy next door » et ne résumez surtout pas son répertoire musical à Your body is a wonderland. John Mayer a grandement évolué depuis son premier opus, Room for Squares, s’orientant ainsi vers ses racines musicales, celles du blues.

Ce retour aux sources, il le doit à la tournée Try!, une série de concerts au cours de laquelle il s’est lié avec des musiciens blues d’expérience, soient Steve Jordan et Pino Palladino.

Cette tournée a indéniablement fait mûrir Mayer musicalement. Sa présence sur scène baignait dans la simplicité et dans l’assurance. Cette atmosphère mettait définitivement l’accent sur la pureté de sa guitare. Les introductions acoustiques et électriques de ses chansons relevaient d’une clarté raisonnante. Il maîtrise sa guitare avec une aisance si subtile que l’on oublie totalement son groupe.

La sélection du répertoire musical fut toutefois décevante. Délaissant plusieurs chansons qui prouvent le prodigieux talent de guitariste que possède Mayer, ce dernier a préféré livrer ses succès commerciaux. Ainsi, les fans de la vedette pop furent ravis, mais ceux du bluesman furent laissés sur leur faim.

Ses prestations de Vultures, Belief ainsi que la finale de Gravity ont été mémorables. C’est toutefois I don’t need no doctor, une reprise de Ray Charles, accompagnée de cuivres, qui a été le moment révélateur de la soirée. Avec cette performance, Mayer a irrévocablement prouvé qu’il est un bluesman dans l’âme.

La notoriété de John Mayer le positionne pour rendre le blues accessible. Malgré son statut de pop star, il possède le talent inné d’un bon guitariste, puisque ce n’est pas n’importe quel musicien qui se fait inviter par des légendes du blues telles Clapton, BB King et Buddy Guy.

vendredi 13 avril 2007

Of Montreal : in or out of tune?

Ne vous faites pas de fausses illusions en croyant que Of Montreal est le nouveau groupe éclectique underground montréalais de l’heure. D’une part, la formation est originaire d’Athens, en Géorgie. D’autre part, elle est loin de mériter cette réputation.

Ce fut tout un périple de vous livrer une critique constructive : il y a trois semaines déjà que j’essaie de tendre une écoute attentive au huitième opus de la formation, Hissing fauna, are you the destroyer?, un titre tout aussi absurde que son contenu.

La nouvelle trame sonore du groupe est née d’une dépression obscure du leader, Kevin Barnes. Bien que les textes relèvent d’une fine plume, ils nous plongent avec acharnement dans un abîme où règne une solitude qui crie au désespoir. La pièce Cato as a pun représente définitivement le dernier pas avant de sombrer éternellement dans le gouffre.

Le calvaire d’une écoute de Hissing fauna, are you the destroyer? : résister à la voix discordante de Barnes. Ce dernier se promène maladroitement sur la portée atteignant ainsi des notes aigues propulsées dans tous les sens, sans aucune harmonie commune. Gronlandic edit et Faberge falls for Shuggie sont irritantes au point de faire fumer non seulement vos fusibles auditifs, mais ceux de votre lecteur CD.

Malgré la voix stridente, les arrangements musicaux sont tout à faits renversants. Of Montreal réussit avec une aisance stupéfiante de jouer avec ses influences musicales psychédéliques des années 60-70. Il parsème ces dernières de quelques tonalités disco pour enfin donner un son extrêmement travaillé, tournant autour d’un électro/funk complètement tordu digne de la indie-pop. Ainsi, les pièces Suffer for fashion, A sentence of sorts in Kongsvinger et The past is a grotesque animal représentent les facteurs importants de cette « révolution » sonore.

Of Montreal ne livre pas une musique accessible. Certains seront déstabilisés par le personnage extraverti de Barnes, d’autres risquent d’être instantanément agressés par l’harmonie criarde de l’album et d’autres découvriront un son novateur dans l’univers singulier qu’est l’électro. À vous de juger si vous êtes of ou off.

mardi 20 mars 2007

« This is noise »

C’est ainsi que s’introduit The sufferer and the witness, un album qui fait du bruit, un bruit militant, un bruit poignant. Avec ce quatrième opus, le groupe américain Rise Against, malgré leur éminente modestie, s’inscrit comme un des leaders importants du mouvement musical punk.

Pour être franche, j’ai renié Rise Against en automne 2005, alors que Swing life away envahissait les ondes radiophoniques, jugeant la formation de « vendue ». Je suis finalement restée complètement bouche bée, un an plus tard, par l’humilité renversante du chanteur du groupe, Tim McIlrach, alors qu’il donnait un discours sur le régime politique américain et discutait de sa notoriété.

The sufferer and the witness représente le punk dans son état pur, générant un son beaucoup plus mature, sans tonalités maladroites typiques au style « garage ». Les racines du groupe sont présentes dans plusieurs pièces dont Chamber the cartridge avec les fameux « OoOoOh! » propre à Pennywise.

Le groupe ne prend pas son rôle militariste à la légère et signe des textes engagés dont l’incontournable simple Prayer of the refugee. Sans tenter de forcer la note afin de révolutionner le mouvement avec un son nouveau, Rise Against laisse la guitare envahir son répertoire avec des accords simples provoqués par des riffs ravageurs.

La voix rauque parfois criarde, parfois douce de McIlrach est poignante. Avec The approaching curve et Roadside, le chanteur a marié avec finesse son arrangement vocal avec une voix féminine pour ainsi produire une harmonie surprenante, voire choquante.


Avec The sufferer and the witness, Rise Against s’élève contre l’exploitation animale et environnementale, s’élève contre une société indifférente à la condition humaine, s’élève contre la commercialisation et s’élève enfin pour l’amour du punk.

lundi 12 mars 2007

Prions ensemble

La trame sonore tant attendue des adeptes du groupe culte montréalais Arcade Fire est enfin disponible. Titre inspiré d’un roman de l’auteur américain John Kennedy Toole et enregistré dans une ancienne église à Farnham, en Estrie, Neon Bible marque l’ascension d’une nouvelle religion.

Arcade Fire réussira à convertir de nouveaux fidèles avec ce nouvel opus. Le groupe a développé une sonorité beaucoup plus mature. Parmi l’ensemble de leurs instruments, aucun n’occupe un poste de direction. Il s’agit indéniablement d’un orchestre. Arcade Fire a misé sur la modernisation d’un son produit par des instruments traditionnels et l’intention a été exploitée avec brio.

Les cordes sont également beaucoup plus présentes sur Neon Bible, donnant ainsi un son folklorique. L’orgue provoque cependant un univers en soi. L’instrument pieux saura vous déstabiliser dès les premières notes d’Intervention et vous transportera vers les cieux au cours de My body is a cage. La cadence pianistique de Black mirror relève aussi d’une précision mélodieuse.

Même si les textes s’avèrent moins sombres et moins profonds, les voix sont plus harmonieuses. Butler chante sur un timbre plus sobre et naturel. Pour sa part, Chassagne a vigoureusement travaillé son arrangement vocal, lequel semblait perdu parmi la portée sur Funeral, est tout à fait angélique sur Neon Bible.

Malheureusement, Arcade Fire a laissé tomber le bilinguisme. Ainsi, Neon Bible n’offre aucune chanson en français.

Difficile était d’avoir foi en un meilleur album que Funeral. Honte à tous les Thomas d’entre vous, puisque Neon Bible est un amalgame de mélodies divines.

Amen.

jeudi 1 mars 2007

Une revanche perverse

Avec son album éponyme, le nouveau duo californien She Wants Revenge livre un testament de haine crue dédié à toutes ses maîtresses. Le premier simple, Tear you apart, risque de vous faire vibrer, vibrer de perversion.

La voix de Justin Warfield vous transportera dans un univers mélodieux, semblable à celui d’Interpol, tout en brisant l’harmonie avec un son beaucoup plus électronique, ponctué de tonalités arides.

Malgré la présence notoire du synthétiseur, ce sont la guitare, particulièrement la bass, et la batterie qui gèrent la cadence musicale. La chanson Sister démontre à quel point le rythme des deux instruments relève d’un calcul irrépressible. Certaines pièces dont Monologue réfèrent à la naissance du mouvement électro du début des années 80, présent dans les clubs avant-gardistes de Soho.

Le groupe ne fait également preuve d’aucune subtilité. Quelques chansons, dont le dernier simple These things, sauront vous secouer avec leurs paroles à caractère sexuel, loin de demander un deuxième niveau de lecture.

Le répertoire de She Wants Revenge compte toutefois une faiblesse : Disconnect. Faut croire que, malgré la précision mélodique du duo, l’absence de voix déstabilise totalement leur son. Composée de faibles accords, cette pièce instrumentale prouve l’indispensabilité d’un arrangement vocal.

Avis à la gente féminine : barrez toujours le loquet de votre salle de bain, de peur que vos ébats intimes se retrouve sur une trame sonore…

La déception d’un son

Le groupe suédois The Sounds a récemment lancé son deuxième album Dying to say this to you. C’est après avoir été séduite par le vidéoclip du premier simple électrisant Painted by numbers que je me suis ruée sur ce nouvel opus.

Avec Dying to say this to you, The Sounds a tenté d’évoluer avec un son beaucoup plus électro que son album précédent, Living in America. L’intention se fait sentir, mais les efforts sont voués à l’échec.

En effet, la guitare abandonne son poste de chef d’orchestre pour céder au clavier la charge de la direction mélodique. Ce relais a pour conséquent un recueil de notes faciles qui mène à une pop beaucoup moins recherchée, frôlant parfois le kitsch.

Dans ce sens, Tony beat est tout à fait énervante, voire insupportable. Night after night s’avère le pire choix musical du répertoire : la pièce fait gravement douter le talent d’Ivarsson pour le chant. Quelques simples accords au piano accompagnent la voix de la sexy Suédoise, laquelle ne semble pas apte à tenir une note correctement, forçant sa voix dans une clé totalement irritante. C’est cependant avec Hurt you que The Sounds tombe dans le ridicule alors qu’Ivarsson partage son micro avec un de ses musiciens pour ainsi produire une influence pathétique de Depeche Mode.

Dying to say this to you n’est toutefois pas une défaite absolue pour le groupe dans la pop électro. La mélodie de Painted by numbers nous accroche dès ses premières notes. Le court duo musical que forme la batterie dirigée par le synthétiseur relève d’une transe harmonieuse. La voix parfois rauque, parfois féminine de Maja Ivarsson au cours de Song with a mission, Queen of apology et Ego, ne fait que nous séduire.

Enfin, ce n’est pas avec une direction photo électrique, une chanteuse au sex-appeal affriolant et une pochette aguichante que le groupe atteindra THE sound.

mardi 20 février 2007

À 40 ans, on fête en grand!

C’est au cours de la semaine du 8 au 17 février que le légendaire Café Campus célébrait son 40e anniversaire. Ses adeptes étaient au rendez-vous et ses invités ne se sont certainement pas fait prier.

Avec Marco Calliari comme porte-parole, le Café Campus respectait ses soirées thématiques avec en prestation des artistes qui ont connu, jadis, les veillées endiablées de la place, soient Planet Smashers, Raoul Duguay, Fred Fortin, Plaster, Xavier Caféïne, Malajube et bien d’autres.

Ayant eu ma part de soirées débauchées à l’intérieur de ses murs moisis par la sueur des corps dansants sur un plancher souillé par la bière, je me devais de souhaiter bonne fête au Campus. J’ai ainsi été voir le spectacle à guichet fermé de Xavier Caféïne et Malajube.

Caféïne, fidèle à sa réputation de bête de scène, n’a pas fait de déçus. Malgré une extinction de voix, il a su faire lever la foule. Ses déhanchements excentriques vibraient au rythme électrisant de son ensemble musical. La chimie ardente présente au sein du chanteur et de ses musiciens était contagieuse. Avec OK!, Montréal (cette ville) ainsi que Gisèle, Caféïne et ses acolytes savaient maintenir l’énergie. Toutefois, le public a ét
é avare en longévité d’applaudissements et un rappel provoqué par un membre de la troupe Caféïne s’est avéré plutôt pathétique.

C’était une cinquième rencontre en moins d’un an pour Malajube et moi et notre histoire tire désormais sur sa fin. Faut croire que le succès monte définitivement à la tête de ces cinq musiciens, tout aussi déconnectés que présomptueux, qui n’ont dorénavant plus de raisons de prôner les valeurs de la scène musicale underground.

Une fois de plus, nous nous trouvions dans l’impossibilité de bien distinguer la voix du chanteur. Le public pouvait l’accompagner que s’il connaissait sur le bout des doigts le répertoire lyrique du groupe. La prétention de Mineau a définitivement trahie l’authenticité de son talent. Les arrangements musicaux lui ont toutefois rendu justice. À vrai dire, c’est en détournant mon regard de la scène que j’arrivais à pénétrer dans la transe ravageuse que sait si bien provoquer Malajube.

Le groupe a également prouvé son goût pour le risque. La formation a lancé le bal avec l’enchanteresse Monogamie. Ils ont ensuite enchaîné avec Montréal -40 ˚C puis Pâte Filo. Malgré cette sélection audacieuse, Malajube a su maintenir ses adeptes dans son univers musical chaotique.

Dumas et sa perpétuelle lutte contre le temps

Le nouvel enfant chéri de l’industrie musicale québécoise, Dumas, a récemment lancé son troisième album, Fixer le temps. Presque quatre ans après l’envoûtant Le cours des jours, il nous présente enfin du nouveau matériel, un projet qui n’arrive malheureusement pas à la hauteur du précédent album.

En effet, le guitariste au rythme mélancolique reste fidèle à son image de romantique timide et blessé ainsi qu’à ses mélodies simples et harmonieuses. Malgré l’acquit d’une grande maturité, Dumas ne réussit pas à se réinventer. Au fil d’un répertoire éprouvant une faible défaillance en termes de variété, on le sent plus en confiance, mais plusieurs notes restent prévisibles.

C’est à ma grande tristesse qu’il laisse tomber les belles métaphores sensuelles et nostalgiques pour des textes beaucoup moins recherchés. Il réussit toutefois à nous séduire avec De station en station ainsi que Les secrets, des pièces joliment orchestrées « à la Dumas », une recette dans laquelle il marie finement le plus bel instrument de son assortiment musical, sa voix, avec la délicatesse de sa guitare.

Après nous avoir fait baigner dans l’univers cyclique du Cours des jours, l’artiste continue de nous livrer son obsession spatio-temporelle. Ce dernier nous présente ainsi La vie qui bat, La ville s’éveille, Au gré des saisons (le premier simple), De station en station, des pièces qui reflètent son esprit bohème et lyrique.

Est-ce que Steve Dumas réussit à fixer le temps? Il s’agit d’une lutte acharnée au cours de laquelle il devra vaincre ses démons du présent afin de retrouver ses racines du passé pour ainsi se renouveler dans l’avenir.

Xavier Caféïne voit noir

Xavier Caféïne présente enfin son projet solo, Gisèle, un premier disque se voulant une critique sociale obscure. Fidèle à la tendance des jeunes artistes émergents de la belle province, Caféïne s’inspire de la métropole pour évoquer son mal d’amour. Malajube a utilisé la métaphore avec Montréal -40 °C. De son côté, Xavier Caféïne le fait avec Montréal (cette ville), son premier simple, une chanson au rythme accrocheur nettement représentative de la bonne pop rock québécoise.

Au fil de son registre, Caféïne cri haine et amour à celle dont il a offert son cœur, ridiculise la bourgeoisie contemporaine soi disant environnementaliste et blâme notre société de consommation pro-américaine. Il prêche son discours derrière son alter ego : l’oiseau noir. En effet, il s’agit d’un Xavier Caféïne beaucoup plus engagé et malgré la facilite de certains textes, réussit à nous porter avec des mélodies poignantes.

Après avoir fait une première tentative au sein du groupe Caféïne à la fin des années 90, puis une seconde en tant que leader de la formation anglophone Poxy, l’artiste aux penchants excentriques prend avec assurance les commandes de ce premier album. Sur ce dernier, il prouve sa polyvalence musicale en jouant la majorité des instruments. Avec Gisèle, Caféïne nous convainc qu’il est un artiste indépendant qui s’auto-suffit amplement.