lundi 31 mars 2008

À la recherche du temps

Ça ne va pas. J’ai envie de fuir, de m’évader, de partir en cavale, d’échapper à tout le chaos qui m’oppresse. Les travaux scolaires et les obligations quotidiennes m'empêchent de respirer convenablement. Je voudrais vous faire part de la prestation enflammée de Misteur Valaire au Café Campus mercredi dernier, du nouvel album éclaté de The Kills, de ma hâte incontrôlable à les voir en spectacle le 4 mai prochain, vous parler aussi du nouvel opus de The Raconteurs, l'agréable présence du piano qu'on y retrouve, vous partager également la musique de Sons & Daughters, ma déception d'avoir raté leur spectacle à La Sala Rossa mardi dernier, vous rédiger ma critique sur le magnifique Paranoid Park de Gus Van Sant et enfin celle de roman de Patrick Modiano, Dans le café de la jeunesse perdue, à la fois simple, poétique et construit de manière originale et efficace.

Eh non. Je dois peaufiner une bande-annonce qui sera projetée sur les écrans de cinéma, une animation dont j'éprouve à peine un grain de fierté, terminer une autre animation dont la fin me semble inexistante, sans oublier les travaux de recherche qui me semblaient enrichissants et dont je me suis vite lassée. Enfin, ce projet vidéo dont les efforts acharnés se sont vu soudainement chambardés. Le dilemme de continuer s'est imposé. Ce qu'on ne ferait pas pour rendre tous les sentiments que l'on éprouvent pour ses pairs! Cette fidélité me motive et m'essouffle à la fois. Où est donc passée cette attitude nonchalante récemment adoptée qui permettait d'équilibrer mon quotidien?! Peut-être vais-je pouvoir la retrouver lors de mon passage dans la Métropole le weekend prochain, ma dernière chance avant le retour officiel. Puis l'Europe. Enfin l'Europe. Une autre réalité qui commence à ne plus se faire attendre...

lundi 17 mars 2008

Justice for all, shame on me

Après avoir raté de peu un spectacle annoncé à la dernière minute en supplémentaire au Métropolis, il n'était pas question de laisser passer la chance d'assister à celui donné au CEPSUM dimanche dernier. Il s'agit ici de la nouvelle sensation électro française, abusivement comparée aux vétérans Daft Punk, Justice.

Résultat : un scénario inimaginable.

Après un souper bien arrosé, trois filles se rendent à Outremont pour en rejoindre deux autres. L'une d'entre elles, fidèle à ses habitudes, arrive avec quelques minutes de retard. Il est 20h. Le spectacle vient tout juste de commencer. Personne n'est trop agitée. On se fout des deux sets de DJs invités. Les cinq filles quittent alors Outremont pour aller prendre un verre dans un pub étudiant, non loin du CEPSUM, afin de réchauffer l'atmosphère et d'attendre que les artistes en première partie terminent leur prestation. 21h sonne. Quatre filles enfilent leurs manteaux. Au moment où elles se lèvent, une des cinq se dirige vers la table avec un deuxième pichet. Trois d'entre elles se regardent sans trop comprendre la raison de ce surplus d'alcool à cette heure presque alarmante. Confuses, elles rassoient. Les discussions reprennent de plus bel. 22h15 sonne. Une des cinq est prise de panique. Les filles courent donc vers le métro. Elles attendent le métro. Elles prennent le métro. Elles débarquent du métro. Elles arrivent sur les lieux. Les gens de la billetterie les regardent d'un air douteux et amusé. Le vestiaire indique complet.

On pénètre enfin dans le complexe avec nos manteaux d'hiver sur le bras : le public est en transe et Justice est tout simplement à son apogée. Je veux m'effondrer. Je n'arrive pas y croire. On tente tout de même de s'infiltrer dans la foule. J'essaie malgré tout de profiter des pièces qui restent. Une des cinq demande à une personne inconnue depuis combien de temps Justice est sur scène. Il répond : « Un peu plus d'une heure ». Je veux pleurer.

La scène est majestueuse. Trop d'amplis qui ne sont là que pour donner un effet imposant au monticule du fameux duo. Trop de lumières qui intensifient l'état de transe de la musique et, par le fait même, celui du public. Mais cet abus donne au décor une vibe ensorcelante. L'intensité des mix pénètre directement les parties nerveuses du corps. C'est tout simplement malade! Après deux pièces, Justice signe son au revoir. J'en veux davantage. Le groupe revient quelques instants plus tard pour un rappel de deux autres chansons.

Je sors du complexe la tête basse. Non seulement je viens d'assister à au show le plus aguichant de l'histoire, mais j'ai déboursé 40$ pour quatre pièces.

Je suis officiellement pissed. Trois des cinq filles quittent sans dire un mot. Elles ont été mangées leurs émotions au McDo. J'ai encore mal au coeur...

Tout un cadeau de fête Ari!

vendredi 7 mars 2008

La disparition d'une muse

L'inspiration s'est volatilisée. Par le fait même, elle a emporté la motivation. Je n'arrive à rien. Un deadline important approche. Il m'effraie. Malgré la concrétisation de projets grandement méritée, un vide tente d'imposer sa présence. Je le déteste. J'ai peine à lui échapper.

Par cette journée où le soleil dégage une puissance illuminée, je me suis dit qu'en allant faire une promenade il pourrait me partager sa force. Je me suis rendue au marché. Je suis revenue lassée. Étant donné que le printemps cogne à la porte, j'ai enfilé mes bottes vertes, celles qui me font gambader. J'ai fini par me traîner les pieds.

Que veut-elle prouver en disparaissant subitement?
L'impulsivité ne fait pourtant pas partie de sa personnalité. Quelques fois j'ai l'impression que je devrais arrêter de jongler aisément avec le rêve et la réalité. Est-ce qu'agir signifie cesser de rêver? Peut-être a-t-elle favorisé un univers qui m'a échappé? Un univers où elle se trouve davantage à son aise, où sa tâche demande moins d'efforts. Je hais le confort. Serait-ce simplement une preuve d'incompatibilité? Je n'y crois pas.

Pourquoi ne revient-elle pas, cette muse qui a si foi en moi?

jeudi 6 mars 2008

Quand le look prend le dessus sur la musique

Ayant été saisie par la musique garage punk aux tonalités rétro du groupe suédois The Hives depuis Veni vidi vicious, je me devais d’assister à leur spectacle au Métropolis le 4 mars dernier. Avec The Donnas en première partie, groupe rock féminin qui a conquis mon attitude d’adolescente « rebelle » au début des années 2000, la soirée allait raviver de bons souvenirs musicaux… des souvenirs qu'il serait préférable de garder dans le passé.

C’est avec déception que je me suis absentée de la prestation de The Donnas, faute d’une réticence à se présenter trop tôt. Ainsi, à notre arrivée, la salle était pleine à craquer. La fébrilité se fait sentir. C’est en tentant désespérément de s’infiltrer dans la foule que l’anticipation de l’événement a perdu l’essence de son excitation.


Le design de la scène était très tendance : du néon rouge qui affichait le nom du groupe au smoking noir et blanc des années 60, le caractère rétro du rockabilly battait de son plein. Toutefois, le fashion n’a pas réussit à dissimuler le son médiocre des instruments qui enterraient la voix de Pelle Almqvist de sorte à la rendre désagréablement cacophonique. Seulement les hits tels Walk idiot walk et Hate to say I told you so ainsi que des chansons plus poignantes du nouvel album telles Tick tick boom, Hey little world et la criante Won’t be long sonnaient clairement.


Même si la prétention fait partie de chacun des personnages de The Hives, elle était dérangeante mardi soir. L’abus d’un lancement de baguettes à toutes les deux chansons l’était aussi. Ce qui m’a davantage troublé, c’est le parallèle instauré par la lecture d’un article dans Nylon il y a quelques mois. Ce dernier relatait le témoignage du groupe sur sa difficulté à percer dans l’industrie depuis la sortie de Black and white; que l’intention de l’album avait été incomprise, malgré un processus de création longuement réfléchi. Alors quand Pelle Almqvist clame à la fin du spectacle : « From the beat of our hot music, we can’t go on », je me sens trahie.


I don’t heart the music of Sweden anymore.

dimanche 2 mars 2008

Danser avec la solitude

Dans le cadre de la 26e édition des Rendez-vous du cinéma québécois, je me suis présentée à la projection du magnifique premier long métrage de Stéphane Lafleur, Continental, un film sans fusil.

À la suite de la disparition mystérieuse du mari de Lucette (Marie-Ginette Guay), quatre personnages se trouvent dans un quotidien submergé par le désespoir, la solitude et l’attente d’un jour meilleur qui saura placer sur leur chemin une âme sœur. Alors que l’absence de son mari pousse Lucette dans un état de folie, Louis (Réal Bossé) tente malencontreusement de réussir dans son nouvel emploi et de maintenir une relation de couple saine, Chantal (Fanny Mallette) survit au célibat en se laissant des messages imaginaires sur sa boîte vocale et Marcel (Gilbert Sicotte) échappe aux effets nocifs de sa faillite personnelle en s’appropriant les biens des autres. C’est au moment où la tristesse de chacun se croisera que la faible lueur de bonheur tant recherchée se manifestera.


Continental
est sans aucun doute le film d’auteur québécois le plus révélateur de 2007 (je me retiens pour ne pas dire 2008, puisque j’anticipe Incendies de Denis Villeneuve). Dès les premières séquences du long métrage, chaque personnage est peint dans son environnement respectif, univers qui s’avère révélateur quant au caractère de chacun. La direction photo de Sara Mishara est d’une sobriété purement magnifique. Les plans sont très léchés, épurés : le cadre s’installe, reste fixe et attend simplement que les personnages prennent place. L’éclairage accueille ces derniers de sorte à accentuer l’état de solitude dans laquelle ils baignent. Aussi, les couleurs fades aux teintes vertes et beiges évoquent bien le malaise des protagonistes.


Fanny Mallette est bouleversante, voire troublante. Bien qu’elle adopte un rôle similaire à ce qu’elle a fait à maintes reprises auparavant, elle assure son personnage dans tout son pathétisme de sorte à ce que sa solitude dérangeante devient sympathique. Pour sa part, Réal Bossé surprend agréablement. Associé souvent à des rôles loufoques, il sait rendre tout le désespoir et l’instabilité de son personnage. Malgré le caractère particulièrement lourd des protagonistes, Marie Brassard vient déstabiliser la noirceur du récit avec son personnage d’une gêne tout à fait hilarante.


Si Continental est avare en dialogues, c’est que ces derniers s’avèrent singulièrement efficaces quand ils sortent de la bouche des personnages. L’étrangeté du titre de ce film se veut une allégorie au caractère solitaire de la danse traditionnelle. La séquence où le personnage de Lucette s’exécute parmi le groupe de danseurs est non seulement révélateur à ce sujet, mais est surtout d’une beauté poétique qui réussit bizarrement à nous bercer.


Tout le monde finit par trouver son compte dans cette comédie noire qui faire rire jaune.