vendredi 10 août 2007

L’univers planant de Patrick Watson

Malgré la programmation « vedette » de la Fête du lac des Nations cette année, quelques artistes de la scène underground ont brillé par leur présence authentique. Parmi cette rare sélection, le talentueux montréalais Patrick Watson a livré une prestation enivrante lors de son spectacle le 12 juillet dernier.


C’est un jeune homme d’une simplicité charismatique qui s’est présenté sur la scène Molson Dry. Prenant place derrière ses claviers, Watson a mené d’assaut la direction musicale avec ses trois musiciens, tous aussi submergés par les sonorités transcendantes produites d’eux-mêmes et des autres.

À première vue, l’énergie de Patrick Watson est un clin d’œil direct au prodigieux Chris Martin, leader du groupe Coldplay. La ressemblance devient d’autant plus notable lorsqu’il marie sa voix avec l’ensemble musical. Les faisceaux de lumière verdâtre font également sourire, puisqu’ils rappellent inévitablement le vidéoclip Clocks. L’image référentielle se rompt toutefois après quelques pièces, alors que Watson et sa bande adoptent des tonalités beaucoup plus expérimentales que celles des artistes auxquels ils sont associés.

Le groupe se définit brillamment dans sa polyvalence instrumentale. Watson et ses musiciens ne cessent de surprendre avec leur manipulation d’objets, manifestement absurdes au premier coup d’œil, dans le but d’amplifier la portée d’un son. Pour le guitariste, c’est en dégonflant un ballon et en glissant une lame de rasoir sur les cordes. Pour le percussionniste, c’est une scie et un autre bidule qui semble avoir été fabriqué par l’un d’eux. En ce qui concerne Watson, c’est une pédale qui modifie l’écho de sa voix.

Il va sans dire que Patrick Watson est considéré davantage comme un groupe que comme un artiste solo. La chimie entre le leader et ses musiciens baigne dans une profondeur où chacun se réfugie dans son univers respectif, vivant ainsi la transe musicale à leur façon. Liés par une sonorité commune, les membres du groupe ne nécessitent pas même un hochement de tête pour communiquer. Ils se font intuitivement guider par les sons de leurs instruments.

Malgré cet esprit de communion présent sur scène, Patrick Watson ne fait guère preuve d’ignorance avec son public. Entre les chansons, il lance quelques gags plus ou moins compréhensibles à cause d’un français qu’il ne maîtrise pas totalement. Toutefois, le petit rire espiègle qui les accompagne fait sourire à tous coups.

Une scène extérieure n’est cependant pas l’endroit le plus favorable pour l’ambiance intime qu’impose la musique de Patrick Watson. La qualité du son finissait par se perdre dans le néant au lieu de résonner. De plus, la clarté du jour brisait l’atmosphère musicale.

Cette intimité, Watson l’a merveilleusement reproduit lors de sa dernière prestation. Debout sur le piédestal de la foule, l’artiste a chanté a capella, les mains placées de chaque côté de sa bouche afin de projeter sa voix le plus loin possible. Le public a étonnamment instauré un silence attentionné.

Même si Patrick Watson est familier avec les petites salles, l’espace étendue devant laquelle il s’est présenté ne l’a pas empêché de transporter son public avec ses mélodies planantes.