vendredi 30 mai 2008

La vie en rose

Marie Darrieussecq est reconnue pour ses histoires perturbantes. Truismes n'y fait pas exception. Le roman zoologique aux tendances fantastiques représente une littérature troublante derrière laquelle se cache une métaphore sociale importante.

Une jeune femme qui possède un physique éblouissant vit le parfait bonheur : elle est la compagne d'un bel homme aisé et
respectueux, elle travaille dans une parfumerie où elle connaît un succès phénoménal, elle est enviée par ses amies et collègues et la gente masculine la convoite avec excès. Ce conte de fée prend graduellement fin alors que, après avoir offert ses services à un marabout africain, elle se trouve à gagner démesurément du poids, pour enfin voir son corps se transformer étrangement sous l'apparence d'une truie. Au cours de cette métamorphose, la narratrice traversera une période de dégradation qui la mènera peu à peu à l'abattoir.

Il est intéressant de voir à quel point l'auteure maîtrise bien son personnage principal. Par le biais de la naïveté et du caractère inculte de la jeune femme, Darrieussecq adopte un style d'écriture rudimentaire. Ainsi, le lecteur ressent davantage les états d'âme de la narratrice.

L'aspect zoologique dans le roman est inquiétant. Il déstabilise le lecteur par l'étrange psychose que développe graduellement le protagoniste. Se présentant d'abord comme une beauté resplendissante et raffinée, puis comme un « être » flasque, lâche et pathétique, la narratrice amène le lecteur à réfléchir sur la bestialité du genre humain, une bestialité au sens d'insolence envers autrui.

Ainsi, avec sa nouvelle apparence physique, la jeune femme se fait maltraiter par l'homme à un point tel qu'elle préfère se vautrer dans les égouts et fourniquer avec d'autres de ses « semblables » dans les bois.

Darrieussecq aurait-elle une vision trop brutale de la société? Sa critique fait malgré tout réfléchir sur l'indifférence qui nous habite, une indifférence qui est telle qu'une qualité de vie à la porcherie.

jeudi 29 mai 2008

Montréal (cette ville)

Après la plus intense des sessions universitaires, voilà que j'ai finalement quitté la paisible et agréable municipalité de Sherbrooke pour la très bruyante et agitée métropole. Dire qu'il y a à peine 3 ans, je vivais une crise presque dépressive à la suite d'une rupture avec Montréal. Aujourd'hui, je me questionne à savoir si je ne vais pas éventuellement réadopter Sherby City.

Même si je laisse quelque peu derrière de riches moments avec des gens pour lesquels j'ai le plus d'affection, avec lesquels j'ai manifestement grandi, il va sans dire que c'est avec le sourire aux lèvres que je repars à la découverte des richesses que nous offre cette magnifique ville.

Que de plaisir de savourer un verre sur une nouvelle terrasse, de s'arrêter dans une galerie alors qu'on ne faisait que ses courses, de rêvasser en allant au marché, d'écouter plusieurs groupes émergents lors d'un festival, de voir des films autres que ceux d'un top 10, et ce, dans sa version originale, de faire les boutiques à la recherche d'un morceau unique qui saura mettre en valeur notre personnalité, de dévorer un livre sur les quais du Vieux-Port, de ne pas toujours sortir dans le même bar et de danser au milieu d'un dimanche après-midi sur l'Île-Ste-Hélene.

Montréal, ce n'est pas juste de la pollution et une population frustrée.

Malgré tout, je me sens parfois lassée. J'appréhende toujours ce moment où je quitterai ce continent pour me rendre de l'autre côté de l'océan. Plus que quelques mois...

lundi 5 mai 2008

Ain't born typical

C'était le 4 mai dernier que le duo britannique The Kills se donnait sur la scène montréalaise, soit au Cabaret Juste pour Rire. Avant même leur entrée sur la scène, le doute s'était installé auprès de tous : les guitaristes Alison Mosshart et Jamie Hince allaient-ils assurer la sonorité de leur répertoire? Il va sans dire que The Kills a clairement prouvé qu'il avait une hardiesse musicale comparable à celle des White Stripes.

En effet, étant donné que le duo réunit le genre féminin et le genre masculin, il est souvent associé au couple White. Ce serait toutefois une grave erreur de comparer The Kills à ce dernier. J'irais jusqu'à dire que Mosshart et Hince assurait davantage que le groupe rouge et blanc lors de leur dernier passage au Centre Bell l'été dernier. La superficie de la salle du Cabaret y était probablement pour beaucoup, mais, malgré tout, le public s'est trouvé abasourdi devant la confiante manipulation des cordes de la part de Hince et de l'énergie déchainée de Mosshart.

En qui concernait ce public, il était à se demander s'il n'était pas la simplement pour poser plutôt que pour la musique du groupe. Arborant pour la plupart les fameuses lunettes RayBan à la Warhol, la coupe de cheveux à la fois ébouriffée et calculée, bref, le look typique de la culture trash londonnienne, l'assistance ne dérangeait pas physiquement, mais semblait présente pour accessoiriser style et musique plutôt que passion et musique.

C'est au moment où le groupe a introduit No Wow que Hince a impressionné le public avec son talent de guitariste. Il serait exagéré de dire qu'il révolutionne le son à un certain niveau. Toutefois, il joue de son instrument comme s'il masturbait une femme. La sexualité ne s'est pas fait discrète sur la scène. Le duo possède une chimie à la fois naturelle et osée. Leur prestation de la très intime Tape Song donnait des frissons provocateurs : Hince et Mosshart chantaient la pièce à l'aide du même micro, les lèvres les unes contre les autres.

Malgré ces performances mémorables, dont la merveilleuse trash/garage Where New York Used to Be, le spectacle fut non seulement très court, mais le répertoire musical a mal été sélectionné. Ainsi, The Kills a donné une importance équivalente à ses trois albums au lieu de jouer davantage les pièces de son excellent (et plus récent) opus Midnight Boom.

Comme ils le mentionnent si bien dans la chanson U.R.A. Fever, ils ne sont pas nés typiques ces deux musiciens au nom de tueurs.