Marie Darrieussecq est reconnue pour ses histoires perturbantes. Truismes n'y fait pas exception. Le roman zoologique aux tendances fantastiques représente une littérature troublante derrière laquelle se cache une métaphore sociale importante.
Une jeune femme qui possède un physique éblouissant vit le parfait bonheur : elle est la compagne d'un bel homme aisé et respectueux, elle travaille dans une parfumerie où elle connaît un succès phénoménal, elle est enviée par ses amies et collègues et la gente masculine la convoite avec excès. Ce conte de fée prend graduellement fin alors que, après avoir offert ses services à un marabout africain, elle se trouve à gagner démesurément du poids, pour enfin voir son corps se transformer étrangement sous l'apparence d'une truie. Au cours de cette métamorphose, la narratrice traversera une période de dégradation qui la mènera peu à peu à l'abattoir.
Il est intéressant de voir à quel point l'auteure maîtrise bien son personnage principal. Par le biais de la naïveté et du caractère inculte de la jeune femme, Darrieussecq adopte un style d'écriture rudimentaire. Ainsi, le lecteur ressent davantage les états d'âme de la narratrice.
L'aspect zoologique dans le roman est inquiétant. Il déstabilise le lecteur par l'étrange psychose que développe graduellement le protagoniste. Se présentant d'abord comme une beauté resplendissante et raffinée, puis comme un « être » flasque, lâche et pathétique, la narratrice amène le lecteur à réfléchir sur la bestialité du genre humain, une bestialité au sens d'insolence envers autrui.
Ainsi, avec sa nouvelle apparence physique, la jeune femme se fait maltraiter par l'homme à un point tel qu'elle préfère se vautrer dans les égouts et fourniquer avec d'autres de ses « semblables » dans les bois.
Darrieussecq aurait-elle une vision trop brutale de la société? Sa critique fait malgré tout réfléchir sur l'indifférence qui nous habite, une indifférence qui est telle qu'une qualité de vie à la porcherie.