dimanche 29 avril 2007

Rencontre intimiste, portrait inédit : Karkwa

Ce fut avec une humeur lourde d’épuisement que j’ai rejoint une assistance zen et intime, prête pour la performance de Karkwa, sous le toit du Téléphone Rouge, bar-spectacle situé sur la rue Wellington, à Sherbrooke.

J’entre dans le Téléphone Rouge, je prends place au coin gauche du comptoir, je lève la tête en direction de ma diagonale, vers la droite, Louis-Jean Cormier patiente, le temps de se commander un scotch.


Après un bon moment, il se rend sur la petite scène, s’assoit sous la douche lumineuse blanche, dans l’atmosphère rouge, et gratte quelques accords silencieux avec sa guitare acoustique. Le tout se déroule au cours des trois minutes et poussières de Float on de Modest Mouse. Le deuxième degré de la situation me bouleverse quelque peu.


Une heure plus tard, soit avec une heure de retard (quoi que le public en avait rien à foutre!), une fois la partie de babyfoot terminée, Cormier et ses acolytes se présentent sur la scène pour nous livrer une prestation puissante de La fuite. Ensuite, La marche nous transporte avec un clavier qui ensorcelle non seulement les adeptes musicaux présents, mais ses complices instrumentaux qui lui partagent la scène.


À la suite d’à peine six pièces, le groupe demande une pause : le temps d’un scotch.


Puis, ce fut un nouveau départ. La foule commençait à être bien chaude. Karkwa a fait la primeur de trois nouvelles chansons, des pièces beaucoup plus rock que celles offertes par la majorité de son répertoire musical.


Pour ce qui est du reste, je baigne dans la pureté sonore que produit les mélodies. Je vois à peine les musiciens en transe sur la scène. Peu importe, les textes souvent l’emportent. Je tends le regard vers la personne qui partage ma droite : un jeune homme à la coupe longueuil pré-pubère. Un sourire se dessine timidement sur mes lèvres.


En grande finale, Le coup d’état : la disjonction du clavier reprend de plus bel, cette fois-ci, en harmonie avec les guitares.


Après un rappel de deux pièces, le groupe rejoint son public, le buzz se dissipe légèrement, le temps de s’emparer de son manteau, de passer la sortie, d’échanger quelques brefs propos avec le claviériste, pour enfin se rendre à l’auto…

jeudi 26 avril 2007

John Mayer : relève du blues

C’est dans un Théâtre du Centre Bell presqu’à guichet fermé mercredi dernier, que John Mayer a livré un spectacle au cours duquel la guitare était reine.

Ne vous laissez pas influencer par son passé de « boy next door » et ne résumez surtout pas son répertoire musical à Your body is a wonderland. John Mayer a grandement évolué depuis son premier opus, Room for Squares, s’orientant ainsi vers ses racines musicales, celles du blues.

Ce retour aux sources, il le doit à la tournée Try!, une série de concerts au cours de laquelle il s’est lié avec des musiciens blues d’expérience, soient Steve Jordan et Pino Palladino.

Cette tournée a indéniablement fait mûrir Mayer musicalement. Sa présence sur scène baignait dans la simplicité et dans l’assurance. Cette atmosphère mettait définitivement l’accent sur la pureté de sa guitare. Les introductions acoustiques et électriques de ses chansons relevaient d’une clarté raisonnante. Il maîtrise sa guitare avec une aisance si subtile que l’on oublie totalement son groupe.

La sélection du répertoire musical fut toutefois décevante. Délaissant plusieurs chansons qui prouvent le prodigieux talent de guitariste que possède Mayer, ce dernier a préféré livrer ses succès commerciaux. Ainsi, les fans de la vedette pop furent ravis, mais ceux du bluesman furent laissés sur leur faim.

Ses prestations de Vultures, Belief ainsi que la finale de Gravity ont été mémorables. C’est toutefois I don’t need no doctor, une reprise de Ray Charles, accompagnée de cuivres, qui a été le moment révélateur de la soirée. Avec cette performance, Mayer a irrévocablement prouvé qu’il est un bluesman dans l’âme.

La notoriété de John Mayer le positionne pour rendre le blues accessible. Malgré son statut de pop star, il possède le talent inné d’un bon guitariste, puisque ce n’est pas n’importe quel musicien qui se fait inviter par des légendes du blues telles Clapton, BB King et Buddy Guy.

vendredi 13 avril 2007

Of Montreal : in or out of tune?

Ne vous faites pas de fausses illusions en croyant que Of Montreal est le nouveau groupe éclectique underground montréalais de l’heure. D’une part, la formation est originaire d’Athens, en Géorgie. D’autre part, elle est loin de mériter cette réputation.

Ce fut tout un périple de vous livrer une critique constructive : il y a trois semaines déjà que j’essaie de tendre une écoute attentive au huitième opus de la formation, Hissing fauna, are you the destroyer?, un titre tout aussi absurde que son contenu.

La nouvelle trame sonore du groupe est née d’une dépression obscure du leader, Kevin Barnes. Bien que les textes relèvent d’une fine plume, ils nous plongent avec acharnement dans un abîme où règne une solitude qui crie au désespoir. La pièce Cato as a pun représente définitivement le dernier pas avant de sombrer éternellement dans le gouffre.

Le calvaire d’une écoute de Hissing fauna, are you the destroyer? : résister à la voix discordante de Barnes. Ce dernier se promène maladroitement sur la portée atteignant ainsi des notes aigues propulsées dans tous les sens, sans aucune harmonie commune. Gronlandic edit et Faberge falls for Shuggie sont irritantes au point de faire fumer non seulement vos fusibles auditifs, mais ceux de votre lecteur CD.

Malgré la voix stridente, les arrangements musicaux sont tout à faits renversants. Of Montreal réussit avec une aisance stupéfiante de jouer avec ses influences musicales psychédéliques des années 60-70. Il parsème ces dernières de quelques tonalités disco pour enfin donner un son extrêmement travaillé, tournant autour d’un électro/funk complètement tordu digne de la indie-pop. Ainsi, les pièces Suffer for fashion, A sentence of sorts in Kongsvinger et The past is a grotesque animal représentent les facteurs importants de cette « révolution » sonore.

Of Montreal ne livre pas une musique accessible. Certains seront déstabilisés par le personnage extraverti de Barnes, d’autres risquent d’être instantanément agressés par l’harmonie criarde de l’album et d’autres découvriront un son novateur dans l’univers singulier qu’est l’électro. À vous de juger si vous êtes of ou off.