Ce sont les 27, 28 et 29 juin derniers que j'ai eu mon baptême du fameux festival québécois, Woodstock en Beauce. Tous les rituels étaient au rendez-vous : alcool à profusion, public carburant aux diverses substances illicites, toilettes chimiques saturées, boue, paix, amour et surtout, musique. Malgré la mauvaise température (nos tentes flottaient littéralement sur l'eau), cette première expérience n'aura pas été la dernière.
Étant donné sa location, Woodstock en Beauce est souvent associé à un rassemblement de Beaucerons barbares qui se débauchent sous les airs de groupes hommage ratés. Pour cette 14e édition, la programmation n'avait rien de lamentable. Des artistes notoires tels Bran Van 3000, Billy Talent, Gob et Pascale Picard Band ainsi que des formations émergentes telles Misteur Valaire, Chocolat et Gatineau ont su faire oublier au public la chaleur accablante des deux premiers jours et la violente pluie des derniers jours.
Semaine de travail oblige, je n'ai malheusement pas pu assister aux spectacles du mercredi et du jeudi. C'est toutefois avec une patience bien méritée que je me suis présentée à la prestation de Bran Van 3000 et celle de Billy Talent.
Malgré l'insatisfaction qu'a engendré le resultat de l'album Rosé, le retour de Bran Van sur scène ne s'est pas avéré aussi décevant. La troupe de James DiSalvio avait de l'énergie à revendre au public avec un répertoire des pièces les plus appréciées de ses trois opus.
Pour sa part, le groupe canadien Billy Talent a su littéralement déchaîner la foule. C'est avec un charisme et une humulité surprenante que Ben Kowalewicz a chanté les succès de son groupe tout en développant une relation particulière avec le public. Il a notamment gagné le respect de plusieurs au moment où il est descendu de la scène pour emprunter le chandail des Nordiques à un fan, pour ensuite l'arborer dans l'interprétation des dernières chansons.
Outre le retour de Bran Van 3000 et la performance enflammée de Billy Talent, c'est la prestation du groupe montréalais The Stills qui suscitait davantage mon intéret. J'étais excitée à l'idée d'entendre les pièces de l'excellent Without Feathers ainsi que celles du nouvel album qui sera en vente le 19 août prochain. Quelle déception toutefois! Non seulement il y avait à peine 50 personnes (lesquelles n'avaient aucune idée de qui était le groupe) sous la tente où The Stills donnait son spectacle, mais le son était beaucoup trop fort et le répertoire musical avait mal été sélectionné. Le groupe a joué deux chansons de Without Feathers et celles du nouvel opus ne sonnaient pas à leur avantage. C'est la tête baissée que j'ai quitté le chapiteau pour ensuite assister à une prestation hommage de Cat Stevens. J'ai malgré tout retrouvé le sourire sous la pluie, transportée par les douces mélodies de cet homme qui avait non seulement la même voix que Stevens, mais dont le physique lui ressemblait étrangement. Moment cliché référant à Woodstock '69.
Nouveau coup de coeur musical des Québécois cette année, Pascale Picard était l'artiste vedette du samedi soir. Même si je ne suis pas une grande admiratrice, j'étais curieuse de voir ce qu'elle avait à offrir sur la scène. Sa performance s'est finalement avérée des plus décousues. L'artiste, sous l'influence abusive de l'alcool, était non seulement incohérente dans ses propos, mais dans sa musique. Elle a notamment interrompu une pièce pour présenter son groupe, et ce, sans reprendre cette même chanson par la suite.
Mis à part la musique, il était impressionnant de voir toute cette masse de gens littéralement « défoncée » 24 heures sur 24, pendant quatre jours. La superficie du site semblait aussi sans fin avec tous ses hectares de tentes multicolores qui se multipliaient sans cesse. Ce sera probablement un rendez-vous l'été prochain. Cette fois-ci avec plus de renfort contre les intempéries pour enfin profiter davantage de toute cette déchéance musicale et festive.